Le napalm et le droit, par Vincent Ricouleau, Professeur de droit

Un article qui rappelle les circonstances de la fabrication du napalm, de ses expérimentations et de ses utilisations, dans un contexte juridique qui n'est évidemment pas satisfaisant. Les guerres actuelles continuent de tuer les civils avec les moyens les plus barbares que sont les bombes incendiaires, qui ont succédé aux bombes au napalm.

Le napalm. La plus tristement célèbre des armes incendiaires, de destruction, de terreur, terrible symbole de l’atrocité de la guerre du Vietnam. Le napalm ne peut être utilisé dans n’importe quelle situation. Il est régi par certaines conventions outre le droit international coutumier. Mais le droit régissant le napalm et bien d’autres bombes incendiaires qui s’en inspirent, est un droit lacunaire par excellence, laissant d’innombrables victimes civiles dans leurs souffrances et sans espoir d’indemnisation.

C’est là que tout a commencé en 1941. Cambridge, la ville américaine, pas l’anglaise. Massachusetts. Comté de Middlesex. Voisine de Boston. Sur le campus de l’université de Harvard. Le professeur de chimie, Louis Frédérick Fieser, (1899-1977) s’attelle à un projet d’arme incendiaire dans son laboratoire Wolcott Gibbs Memorial. La Commission nationale de recherche pour la défense (National Defense Research Committee ou NDRC), créée par le président Franklin Delano Roosevelt (1882-1945), le 27 juin 1940, mobilise le Pentagone, les meilleurs universitaires, ingénieurs, fabricants d’armes, industriels. A la tête de la NDRC, Vannevar Bush (1890-1974). Une tête pensante du projet Manhattan. Bush nomme James Bryant Conant (1893-1978), président de Harvard, à la tête de la division B, chargée des bombes, des carburants, des gaz et des problèmes chimiques. Lui aussi jouera un rôle crucial dans le projet Manhattan. Il sera en outre ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne de mai 1955 à février 1957.

La première bombe au napalm explose le 4 juillet 1942, sur le terrain de football de Harvard, dans un cratère rempli d’eau de 18 mètres de diamètre. Composée de phosphore blanc et de 20 kg d’essence gélifiée, elle pèse 32 kg. L’explosion et la combustion satisfont les chercheurs. L’arme est prometteuse. Elle est surtout très perfectible. Pour cela, des essais sont prévus et pas n’importe où.

Les expériences ont lieu à Dugway Proving Ground (DPG) en plein désert. A 137 km au sud-ouest de Salt Lake City, capitale de l’Utah. 324 000 hectares où les pires armes chimiques et biologiques vont être expérimentées. DPG est contrôlé par le Commandement des essais et de l’évaluation de l’armée américaine (ATEC). Dugway Proving Ground est à 110 km de la base aérienne de Wendover. Base où seront entrainés notamment les équipages des bombardiers atomiques qui pulvériseront Hiroshima et Nagasaki. Il faut un centre d’essai plus isolé que l’arsenal d’Edgewood dans le Maryland. Il n’y a pas mieux que DPG pour analyser les effets du napalm. Le Division technique du service de guerre chimique (Chemical Warfare service-technical division), le corps des ingénieurs militaires et la Standard Oil, expérimentent la bombe, notamment, le 11 mai 1943.

On sait que l’armée américaine teste la bombe au napalm contre les bâtiments de toute nature à usage militaire, les bunkers, les véhicules blindés ou non, les aéroports, les bateaux, les tunnels, les combattants, les forêts.

Mais le napalm n’a pas seulement pour cibles les combattants.

Les ennemis, l’Allemagne et le Japon. L’armée américaine construit alors des répliques en grandeur nature de maisons allemandes et japonaises. Les architectes allemands Eric Mendelson (1887-1953) et Konrad Wachsmann (1901-1980) dessinent différentes maisons, celles de Rhénanie, d’Allemagne du nord, du centre. Il faut une bombe capable d’enflammer les matériaux utilisés par les Allemands. Mais comment les trouver en pleine guerre ? Le bois vient de Mourmansk. L’architecte tchèque Antonin Raymond, de son vrai nom, Reimann, (1888-1976), connaissant le Japon, s’occupe des répliques des maisons japonaises. Le Russe Boris Georgievich Laiming (1897-1981), vient en renfort. Il a connu le pire le 1er septembre 1923. Un tremblement de terre de magnitude 7,9, suivi d’un raz de marée et d’un incendie, détruisant presque totalement l’agglomération de Tokyo-Yokohama et la province du Kanto, au centre du Japon. 105 000 victimes, dont 87 % par le feu. Il faut aussi trouver des matériaux équivalents aux matériaux japonais. Rien n’est laissé au hasard. Sont reconstituées les conditions de vie d’une famille ouvrière moyenne tant allemande que japonaise. Deux employés de la division authenticité des studios RKO, à Hollywood, ayant travaillé sur les décors du film "les enfants de Hitler", arrivent. "Les enfants de Hitler", un film réalisé par Edward Dmytryk en 1943, d’après le livre "Education for death, the making of the nazi", de Gregor Ziemer Athalwin. Livre cité au procès de Nuremberg tenu du 20 novembre 1945 au 1ᵉʳ octobre 1946.

Tout est analysé, température, humidité de l’air, nature des matériaux, temps de combustion, combustibilité du mobilier, avec une humidification artificielle des bâtiments compte tenu du climat de l’Utah.

47 pages du rapport déclassifié de la Standard Oil sont disponibles. Page 6 sont reproduits les plans des maisons allemandes, japonaises et du bunker d’observation. 16 villes allemandes sont étudiées dont Berlin, Breslau, Dresde, Leipzig, Munich. Page 32, le rapport aborde les installations japonaises. Les types de bois utilisés pour la construction au Japon sont mentionnés, dont le sapin de Douglas, l’épicéa russe, le pin ponderosa, le cèdre rouge, le chêne, le bois de peuplier. Pire, pages 39 et 40, des photos représentent des personnes japonaises, dans leur vie quotidienne, attablées ou couchées sur leur futon, sur leur tatami, matières hautement inflammables. L’objectif est clair : tuer le plus de civils possible. L’armée américaine fait fi des multiples conventions internationales existant déjà et du droit international coutumier. Les Conventions de Genève seront adoptées en 1949. L’objectif, détruire par le feu et terroriser les populations. Il faut gagner la guerre même s’il faut brûler vif les civils.

Le napalm est un mélange conçu pour créer un liquide gélatineux, hautement inflammable. L’agent épaississant initial était une combinaison d’acides naphténique et palmitique, d’où le nom de napalm. Le latex ne peut pas être utilisé compte tenu des pays asiatiques producteurs, occupés par l’armée japonaise. Les chimistes américains mettent au point plusieurs formules avec des sels d’aluminium, du polystyrène, et du benzène. La détonation se produit grâce à divers composés explosifs, qui enflamment le phosphore. Il brûle à une température suffisante, pour enflammer le mélange combustible. La consistance du napalm le fait adhérer aux surfaces exposées. Sa viscosité permet au liquide enflammé de maintenir un jet orientable lorsqu’il est dispersé sous pression, permettant sa projection par des lance-flammes à terre ou embarqués à bord d’un avion ou d’un bateau. L’eau n’a pas d’effet sur une surface enflammée.

16 500 tonnes de napalm sur le Japon et ses territoires. Des milliers de tonnes sur l’Allemagne. L’utilisation aussi lors de la libération de la France, comme à Royan. 32 537 tonnes pendant la guerre de Corée en 3 ans. L’utilisation du napalm par l’armée française pendant la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie. 388 000 tonnes de napalm au Vietnam et dans les régions avoisinantes. Le napalm B au Vietnam, avec des composés tels l’essence, le benzène, le polystyrène, censé être plus adapté au climat vietnamien, est fabriqué de 1967 à 1969, par Dow Chemical, basé à Midland dans le Michigan. Dow Chemical se lance ensuite dans la fabrication de l’Agent Orange. Le bilan humain est effroyable. Le bilan politique aussi, puisque l’opinion internationale s’est dressée contre les atrocités du napalm. Beaucoup de pays utiliseront les bombes au napalm.

Pour comprendre le statut du napalm et plus généralement des armes incendiaires, il faut se pencher sur la Convention du 10 octobre 1980, entrée en vigueur le 2 décembre 1983, sur "l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination" (CCAC). Elle contenait à l’origine seulement 3 protocoles. Le protocole I relatif aux éclats non localisables, le protocole II sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des mines, pièges et autres dispositifs, et le protocole III sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des armes incendiaires. Le Protocole IV relatif aux armes à laser aveuglantes entre en vigueur en 1998. Le Protocole V relatif aux restes explosifs de guerre, entre en vigueur en 2003. En outre, en 2001, le champ d’application de la Convention et de ses protocoles a été élargi pour s’appliquer aux conflits armés non internationaux.

128 Etats ont ratifié la CCAC. 4 États, l’Égypte, le Nigeria, le Soudan et le Viêt Nam, ont signé la convention sans la ratifier. Le Protocole III du 10 octobre 1980, entré en vigueur, le 2 décembre 1983, sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des armes incendiaires, contient deux articles fondamentaux, dont chaque terme est primordial.

Le premier article définit une arme incendiaire et sa cible. On entend, par arme incendiaire, toute arme ou munition, essentiellement conçue, pour mettre le feu à des objets ou pour infliger des brûlures à des personnes, par l’action des flammes, de la chaleur ou d’une combinaison des flammes et de la chaleur, que dégage une réaction chimique d’une substance lancée sur la cible.

Les armes incendiaires peuvent prendre la forme, par exemple, de lance-flammes, de fougasses, d’obus, de roquettes, de grenades, de mines, de bombes et d’autres conteneurs de substances incendiaires.

En revanche, les armes incendiaires ne comprennent pas, les munitions qui peuvent avoir des effets incendiaires fortuits, par exemple, les munitions éclairantes, traceuses, fumigènes ou les systèmes de signalisation. Mais aussi les munitions conçues pour combiner des effets de pénétration, de souffle ou de fragmentation avec un effet incendiaire, par exemple les projectiles perforants, les obus à fragmentation, les bombes explosives et les munitions similaires à effets combinés où l’effet incendiaire ne vise pas expressément à infliger des brûlures à des personnes, mais doit être utilisé contre des objectifs militaires, par exemple des véhicules blindés, des aéronefs et des installations ou des moyens de soutien logistique.

On entend par concentration de civils, une concentration de civils, qu’elle soit permanente ou temporaire, telle qu’il en existe dans les parties habitées des villes ou dans les bourgs ou des villages habités ou comme celles que constituent les camps et les colonnes de réfugiés ou d’évacués, ou les groupes de nomades.

On entend par objectif militaire, dans la mesure où des biens sont visés, tout bien qui par sa nature, son emplacement, sa destination ou son utilisation apporte une contribution effective à l’action militaire et dont la destruction totale ou partielle, la capture ou la neutralisation offre en l’occurrence un avantage militaire précis.

On entend par biens de caractère civil tous les biens qui ne sont pas des objectifs militaires au sens du paragraphe.

On entend, par précautions possibles, les précautions qui sont praticables ou qu’il est pratiquement possible de prendre eu égard à toutes les conditions du moment, notamment aux considérations d’ordre humanitaire et d’ordre militaire.

L’article 2 concerne la protection des civils et des biens de caractère civil.

Il est interdit en toutes circonstances de faire de la population civile en tant que telle, de civils isolés ou de biens de caractère civil l’objet d’une attaque au moyen d’armes incendiaires. Il est interdit en toutes circonstances de faire d’un objectif militaire situé à l’intérieur d’une concentration de civils l’objet d’une attaque au moyen d’armes incendiaires lancées par aéronef. Il est interdit en outre de faire d’un objectif militaire situé à l’intérieur d’une concentration de civils l’objet d’une attaque au moyen d’armes incendiaires autres que des armes incendiaires lancées par aéronef, sauf quand un tel objectif militaire est nettement à l’écart de la concentration de civils et quand toutes les précautions possibles ont été prises pour limiter les effets incendiaires à l’objectif militaire et pour éviter, et en tout état de cause, minimiser, les pertes accidentelles en vies humaines dans la population civile, les blessures qui pourraient être causées aux civils et les dommages occasionnés aux biens de caractère civil.

Il est interdit de soumettre les forêts et autres types de couverture végétale à des attaques au moyen d’armes incendiaires sauf si ces éléments naturels sont utilisés pour couvrir, dissimuler ou camoufler des combattants ou d’autres objectifs militaires, ou constituent eux-mêmes des objectifs militaires.

Le 21 janvier 2009, les Etats-Unis, ratifient la Convention mais se réservent "le droit de faire usage d’armes incendiaires contre des objectifs militaires situés à l’intérieur de concentrations de civils, toutes les fois, qu’ils estimeront que l’usage de telles armes entraînerait moins de pertes en vies humaines et/ou de dégâts collatéraux que celui d’autres armes, mais ce faisant, prendront toutes précautions possibles pour limiter les effets incendiaires à tel objectif militaire et pour éviter et, en tout état de cause, minimiser les pertes accidentelles en vies humaines, dans la population civile, les blessures qui pourraient être causées aux civils et les dommages aux biens de caractère civil".

La France n’a pas adhéré au Protocole III lors de sa ratification de la Convention. "L’interdiction des attaques incendiaires lancées contre un objectif militaire situé à l’intérieur d’une concentration de civils est apparue au gouvernement français imprécise, irréaliste et excessivement contraignante", nous dit un rapport du sénateur Michel Chauty.

La France a ratifié le Protocole III seulement le 18 juillet 2002, en déposant des déclarations interprétatives faites lors du consentement à être lié. Elle accepte les dispositions des paragraphes 2 et 3 de l’article 2, dans la mesure où "les termes utilisés dans ces paragraphes ne conduisent pas à prendre pour acquis qu’une attaque menée au moyen d’armes incendiaires lancées par aéronef comporte plus de risques de frapper sans discrimination que tout autre moyen de lancement". La France comprend que l’expression "nettement à l’écart" figurant au paragraphe 3 de l’article 2 s’entend aussi bien "d’une séparation en terme d’espace que d’une séparation au moyen d’une barrière physique entre l’objectif militaire et la concentration de civils".

Le décret n° 2002-1364 du 14 novembre 2002 portant publication du Protocole III (signé par Chirac, Raffarin et De Villepin) complète le décret n° 88-1021 du 2 novembre 1988 portant publication de la Convention.

Le Protocole III présente des lacunes certaines.

La définition donnée par le Protocole III des armes incendiaire exclut la plupart des munitions incendiaires dites polyvalentes. L’article 1 (1) n’intègre pas les munitions comme celles contenant du phosphore blanc, mettant le feu et provoquant des brûlures, mais présentées comme conçues pour créer des écrans de fumée ou à des fins de signalisation des troupes.

Par ailleurs, la nature des blessures, la magnitude de l’impact, ne sont pas prises en compte.

L’applicabilité du Protocole III dépend de la façon dont les autorités donnant l’ordre de concevoir, de fabriquer, d’utiliser, décrivent la finalité de l’arme.

Le Protocole III distingue les armes incendiaires lancées depuis le sol et larguées par aéronef, sans, en outre, intégrer les drones, armes utilisées partout actuellement. Les armes incendiaires lancées depuis le sol, notamment par des lance-roquettes multiples, peuvent décimer autant que les bombes larguées par avion ou par drone. Les combattants de groupes armés non étatiques, reconnus ou non, ont plus facilement accès aux armes incendiaires lancées depuis le sol. Aucune réserve ou dérogation ne peut être acceptée concernant les armes incendiaires lancées depuis le sol.

Alors comment modifier ces textes ?

L’article 1 (1) du Protocole III doit définir les armes incendiaires comme des armes qui ont pour objectif, pour effet, d’enflammer et d’infliger des brûlures aux personnes. L’article 2 doit interdire l’utilisation de toute arme ayant objectif d’enflammer et d’infliger des brûlures aux personnes, quel que soit le mécanisme de lancement, terrestre, aérien, maritime, dronique, non seulement à l’intérieur d’une concentration de civils mais à tous les endroits où des civils sont supposés être ou avérés être ou susceptibles d’être atteints par les différents effets de la déflagration de la bombe incendiaire. Ces normes seraient applicables à tout combattant d’un pays ayant ratifié ou non la Convention ou d’une organisation militaire reconnue ou non reconnue, au sein de conflits inter-étatiques ou intérieurs. La règle fondamentale est qu’à partir du moment où des civils non-combattants sont présents, toutes utilisations d’armes incendiaires sont bannies. Il serait possible d’ajouter un article 3 précisant que les commandants des forces armées étatiques ou non doivent vérifier ces informations, avant d’utiliser de telles armes, sous peine d’être poursuivies pour crimes de guerre. Par ailleurs, aucune règle concernant l’utilisation des armes incendiaires contre les combattants n’est édictée.

Après la guerre du Vietnam, les débats continuent sur les atrocités du napalm.

A partir de 1973, le Département de la Marine (DoD), stocke les bombes au napalm à la base de Fallbrook, située à une centaine de kilomètres au nord de San Diego, en Californie, à l’est du camp des Marines de Pendleton. La détérioration des bombes au napalm stockées exigent une maintenance complexe. Objectif, la destruction qui se déroule de 1998 à 2001. On lit que la dernière bombe au napalm aurait été détruite en mars 2001. La loi CERCLA (Comprehensive environmental, compensation and liability Act) de 1980, modifiée par une loi de 1986, sous l’égide de l’Environmental Protection Agency, (EPA), régit le process de destruction. La loi Resource Conservation and Recovery Act (RCRA) de 1976, donne à l’EPA, le pouvoir de contrôler les déchets dangereux "du berceau à la tombe". Production, transport, traitement, stockage, élimination des déchets dangereux, recyclage, chaque étape répond à des normes draconiennes. La neutralisation et la démilitarisation du napalm sont des opérations trop sensibles pour prendre des risques. Le traitement des déchets du napalm et de l’aluminium, est fait par une structure, nommée GNI, une installation autorisée par le sous-titre C de la loi sur la conservation et la récupération des ressources (RCRA), située à Deer Park, au Texas. GNI a traité et ensuite mélangé le napalm à un carburant alternatif pour l’utiliser comme carburant de substitution dans diverses usines de fabrication du ciment. Les traitements de l’aluminium ont lieu par nettoyage au solvant. L’aluminium est traité et envoyé à une fonderie pour être recyclé. Les autres composés ont été traités et recyclés en fonction du sous-titre D de la RCRA.

Officiellement, à partir de mars 2001, il n’y a plus de bombes au napalm aux Etats-Unis. Mais sa carrière sous d’autres formes et d’autres noms n’’est aucunement achevée.

En décembre 2001, Al-Jazeera rapporte l’utilisation du napalm à Tora Bora en Afghanistan. Démenti du Pentagone. En mars 2003, la journaliste, Lindsay Murdoch, dans le journal The Age, publie un article soutenant que l’armée américaine a utilisé des bombes au napalm à Safwan Hill, dans le sud de l’Irak. Démenti du Pentagone. En aout 2003, le journal San Diego révèle l’utilisation du napalm pendant l’opération Freedom. Le Pentagone est contraint de s’expliquer un peu plus clairement. La bombe Mark 77 est une bombe incendiaire américaine de 750 livres transportant 110 gallons américains d’un mélange de gel combustible qui est le successeur direct du napalm. La bombe MK 77 est une bombe incendiaire, certes, mais n’est pas une bombe au napalm. Elle contient du kérozène avec une faible concentration de benzène. Rien à voir avec les bombes au napalm utilisées dans le passé au Vietnam, nous dit le Pentagone. Sauf qu’elles ont les mêmes effets dévastateurs et que les mêmes questions se posent quant à leur utilisation sur les civils. La MK-77 avec ses différents modèles semble être la principale arme incendiaire actuellement utilisée par l’armée américaine. Ses variantes sont aussi utilisées par d’autres pays en guerre actuellement.

Qu’en est-il des droits des victimes du napalm ?

Dans l’affaire de Mme Tran To Nga, le tribunal judiciaire d’Evry, le 10 mai 2021, a rejeté les demandes de condamnation des fabricants de l’Agent Orange. Couperet de l’article 122 du Code de procédure civile. Confirmation de la décision du fond le 22 aout 2024 par la cour d’appel de Paris. Aucune expertise médicale. Le rejet pur et simple. Les victimes de l’Agent Orange, de toute nationalité, luttent toujours, malgré les obstacles, pour obtenir une indemnisation.

Serait-ce le même parcours pour les victimes du napalm si celles-ci assignaient les fabricants du napalm et les responsables de son utilisation ?

De quels préjudices souffre une victime du napalm ?

Le napalm brûle au quatrième degré. Il carbonise littéralement. Mais pas seulement. Enflammé, il épuise l’oxygène de l’environnement, provoquant une asphyxie. La production de niveaux élevés de monoxyde et de dioxyde de carbone, comme sous-produits, entraine une toxicité. Les composés polystyrène, présents dans certains types de napalm, se transforment en styrène. Une neurotoxine cancérigène. Carbonisation, blast, intoxication, démembrements, lésions respiratoires, plaies en tout genre, la victime du napalm est la plupart du temps un très grand brûlé polytraumatisé. Avec la nécessité de protocoles de prise en charge très exigeants. Les parcours de soins durent des dizaines d’années.

Prenons l’exemple malheureusement le plus connu, celui de Phan Thi Kim Phuc.

Phan Thị Kim Phúc. Née le 2 avril 1963 à Trang Bang. Nord-ouest de Saigon. Province de Tay Ninh. 8 juin 1972. Un avion sud-vietnamien largue des bombes au napalm sur Trang Bang. Le photographe Huyng Cong Nick Ut de l’agence Associated Press photographie l’enfant très gravement brûlée, courant sur le chemin. Il obtient le World Press Photo en 1972 et le Prix Pulitzer de la photo d’actualité en 1974. La photo devient l’emblème de l’atrocité du napalm. Même si ce serait Nguyen Thanh Nghé, l’auteur de la photo, qui travaille ce jour-là comme chauffeur pour l’équipe américaine de NBC. Ce qui déclenche une tempête juridique actuellement.

A 55 ans, Kim Phuc signe, avec deux dermatologues canadien et américain, un article publié en ligne le 5 septembre 2018, dans la revue JAMA Dermatology. Celui-ci énumère les divers traitements prodigués, à partir de 2015. Le bilan est terrible. Séquelles des brûlures au troisième et quatrième degré au bras gauche, au cou, au dos et à la main droite. 17 greffes de la peau. 40 % de la surface corporelle atteinte. Comment réduire les douleurs provenant des cicatrices hypertrophiques de brûlures occasionnées, 45 ans plus tôt. Des lasers ablatifs CO2 fractionnés ou Erbium-YAG pulsé sont utilisés. Mais aussi, un laser colorant pulsé, une lumière intense pulsée, un laser microfractionné au thulium. Injections de corticoïde, d’acide poly-L-lactique, et de toxine botulique suivent. Le résultat, une plus grande amplitude des mouvements et une régénération nerveuse. Une atténuation des douleurs chroniques. Leur intensité est aujourd’hui évaluée par la patiente à 3 (intense) après avoir été cotée à 10 (intolérable) pendant de très nombreuses années.

Le stress post traumatique et les séquelles psychologiques, tant de la victime que de son entourage, sont incommensurables.

Il est évident que les armes incendiaires inspirées de la bombe au napalm, doivent tout simplement être interdites par une nouvelle Convention spécifique et non traitées symboliquement dans un Protocole.

Rappelons que Louis Fieser, l’inventeur du napalm, a fait partie du Projet X-Ray. Objectif, équiper des milliers de chauves-souris de petites bombes incendiaires et les larguer sur les villes japonaises. Fiasco, lit-on. Mais on note l’imagination.

Quant au terrain de football de Harvard, il a été rénové et rebaptisé Ohiri Field en 1983 avant d’être remplacé par un autre terrain, Jordan Field. Le laboratoire Wolcott-Gibbs, construit en 1911-1912, présenté comme le meilleur au monde, est détruit en 1999. Pour laisser place au Bauer Life Sciences.

En 1956, Antonin Raymond, le concepteur des maisons japonaises, à Dugway Proving Ground, reçoit la Médaille d’honneur de l’American Institute of Architects (AIA) et, curieusement, en 1964, un Rayon d’or avec ruban de l’Ordre du soleil levant du Japon.

Sur le site de Dugway Proving Ground, on peut lire un communiqué concernant les réunions comprenant les tribus confédérés de la réserve de Goshute, la tribu Arapaho du nord, la bande du nord-est, de la nation Shoshone, la tribu indienne Palute de l’Utah, et les tribus Shoshone-Bannock de la réserve de Fort Hall. Parce que c’était leur territoire. Bien sûr, on ne parle pas de l’effroyable pollution laissée par les essais biologiques et chimiques.

Actuellement, les bombes au phosphore, variantes des bombes au napalm, nonobstant les déclarations des militaires, continuent leur carnage. Il ne serait pas improbable que des photos d’enfants atrocement brûlés circulent un jour et que l’opinion publique bascule une bonne fois pour toute. Pour cela, il faudrait que les médias puissent faire leur travail. La Cour pénale internationale est certainement la juridiction qui aura le plus de travail dans les prochaines années, si elle est en mesure d’appliquer correctement l’article 8 de ses statuts. Les crimes de guerre sont devenus si nombreux qu’elle devra renforcer ses effectifs.

Pour le moment, les Etats en guerre continuent de contourner, détourner, dénaturer, violer, le droit international humanitaire.

Le napalm et sa lignée n’ont pas fini de détruire des vies.

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Dugway Proving Ground

Dugway Proving Ground

Plan maison japonaise

Ci-dessous plan des installations allemandes et japonaises lors des tests à Dugway Proving Ground

Plan des installations allemandes et japonaises lors des tests à Dugway Proving Ground

Installations allemandes

Installations japonaises en flammes

Intérieur d’une maison japonaise

Vue d’ensemble installations allemandes et japonaises

Installation en flamme

Wolcott Gibbs Memorial Laboratory

Louis Fieser, April 1965, Cambridge, Massachusetts.

Ohiri Field (undated) with Harvard Stadium, which sits on the other side of North Harvard Street, in the background

Standard Oil, Design and Construction of Typical German and Japanese Test Structures

1943 report by Standard Oil on incendiary weapons test carried out against mock German and Japanese dwellings constructed at Dugway Proving Ground, Utah.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-culture-change-le-monde/la-petite-fille-au-napalm-de-nick-ut-une-photo-peut-elle-arreter-une-guerre-9572904

https://orientxxi.info/magazine/quand-l-armee-francaise-pacifiait-au-napalm,5638

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Droit, histoire, géopolitique en Asie et ailleurs

Par Vincent RICOULEAU

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